Habitats alternatifs et usages de la participation ? Comparaisons Nords-Suds

Cycle « Écologie des pratiques et place des collectifs »

Neuvième journée de l’atelier “Habiter la transition. Des pratiques existantes
aux politiques de transition : circulations et ambiguïtés”

Mardi 11 décembre 2018 (9h30-17h00)

École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris la Villette
144 avenue de Flandre 75019 PARIS
Salle 112 B

Programme PDF

Coordinateurs de la séance : Lionel Rougé[1] et Dominique Theile[2]

Cette journée est une session commune à deux ateliers du REHAL (réseau Recherche Habitat-Logement)  :  l’atelier « Habiter la transition », dont l’objectif est d’analyser la rhétorique qui entoure la notion de « transition » et les pratiques qui y sont associées en confrontant ce mot d’ordre aux expériences des acteurs et des populations, notamment celles liées à l’habiter au sens large ; et l’atelier « Alternatives dans l’habitat », qui s’intéresse aux pratiques, actions et expériences de production de logement qui, situées hors du secteur de la promotion immobilière et de celui dit « social », permettent de contourner les difficultés à se loger et à habiter. S’intéressant tous deux aux expériences participatives comme terreaux d’une transition/d’une alternative dans les modalités d’habiter et la fabrication d’habitats, nous avons souhaité centrer les échanges de cette session commune autour des usages de ces expériences participatives dans la mise en œuvre d’habitats alternatifs, ce dans une perspective comparatiste « Nords-Suds ».
La notion de participation est connotée d’une certaine ambiguïté : elle est associée à des droits mais aussi à des devoirs. Ainsi, on peut percevoir un point commun entre le service militaire dans les cités antiques grecques, les « trabajos vecinales » en pays andins qui s’ancrent en partie dans la tradition des corvées Inca, et aujourd’hui en France une participation conçue comme outil au service de la puissance publique : des moyens de faciliter la mise en œuvre de certaines actions publiques. Mais la participation peut désigner aussi des actions de conquête ou reconquête de droits par des citoyens mais aussi des exclus : par exemple, les « invasões » au Brésil, pratiques collectives organisées d’occupation de terres associées à l’autoconstruction, pour contourner les difficultés de logement ; l’autoconstruction, même d’initiative individuelle, est aussi une façon de récupérer un droit confisqué par certaines professions dites réglementées. En France, en Europe comme aux Etats-Unis, les expériences participatives, initiées dans le champ de l’habitat et de la production du logement, sont diverses et ont des parcours variés dans le temps comme dans l’espace[3]. Les travaux récents examinant la situation française soulignent bien le caractère protéiforme et pluriel de l’usage de la participation dans la conception, la réalisation et la gestion d’habitats dits alternatifs (autogéré, coopératif, autopromotion, autoconstruction, participatifs … »[4].
Au travers d’éclairages faisant dialoguer expériences « Nords » et « Suds », cette session commune se propose de venir questionner le sens accordé à l’utilisation de la rhétorique de la participation, ainsi qu’à sa structuration, dans des projets d’habitats alternatifs. Dans ces mondes alternatifs en construction les démarches participatives – et de démocratie directe – sont mobilisées/activées/abusées pour développer des compétences dans la conception, production, gestion de logements. Comment la participation est mobilisée, intériorisée et entendue par les acteurs engagés dans ces projets émergents ? Comment logiques individuelles et collectives arrivent-elles à s’articuler au sein de ces initiatives ? En quoi cette « participation » socialement et politiquement située – voire fabriquée – est-elle mise en pratique et questionnée dans des contextes appropriés ou en cours d’appropriation ? Bref, notre propos est de s’intéresser à la multiplicité des expériences de la participation, dans les « nords » mais aussi dans les « suds », en ce qu’elles tentent de dépasser plusieurs difficultés, celles des systèmes de production de logement, celles des démarches de transition, celles enfin d’un « habiter autrement » et de « faire ville » autrement.

Les enregistrements audios de la séance sont directement accessibles depuis le programme ci-dessous :
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Introduction de Lionel Rougé, Anne d’Orazio, Jérôme Boissonade (enregistrement audio) et Dominique Theile   Enregistrement audio    Présentation PDF

Matinée (9h30 – 12h) :

Discussion 

Après-midi (14h – 17h) :

  • Anne D’Orazio[10] et Véronique Biau[11]: « Asymétrie des relations et non interchangeabilité des acteurs; le plafond de verre de la participation. Analyse à travers le cas d’habitats alternatifs français ». Enregistrement audio

Discussion   Première partie     Seconde partie


[1] Maître de Conférences à l’Université de Caen, chercheur UMR CNRS 6590 ESO (Espaces et Sociétés)
[2] Chercheur conseil en sciences humaines et sociales
[3] Marie-Hélène Bacqué & Claire Carriou, « La participation dans l’habitat, une question qui ne date pas d’hier », Métropolitiques, 11 janvier 2012. URL : http://www.metropolitiques.eu/La- participation-dans-l-habitat.html.
[4] Anne d’Orazio, 2017, S’associer pour habiter et faire la ville : de l’habitat groupé autogéré à l’habitat participatif en France (1977-2015). Exploration d’un monde en construction, Thèse en Aménagement de l’espace et Urbanisme. Camille Devaux, 2015, L’habitat participatif. De l’initiative habitante à l’action publique, Rennes, PUR, Coll. Géographie Sociale, 294 p.
[5] Professeure de sociologie à l’université Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, chercheuse LAVUE (UMR CNRS 7218)
[6] Directeur de recherche CNRS, Géographie-cités (UMR CNRS 8504)
[7] Architecte ENSAL, doctorante Université Lumière-Lyon 2 / Environnement Ville Société (UMR CNRS 5600)
[8] Maître de conférences à l’Université Paris Ouest-Nanterre, chercheuse LAVUE (UMR CNRS 7218)
[9] Université de Sienne
[10] Maître de Conférences à l’ENSAPLV, chercheure LET-LAVUE (UMR CNRS 7218)
[11] Architecte-Urbaniste en chef de l’Etat, chercheure LET-LAVUE (UMR CNRS 7218)