Les mobilités transfrontalières : un catalyseur des territoires locaux en transition ?

Cycle Pratiques sociales et politiques de transition

Huitième journée de l’atelier “Habiter la transition. Des pratiques existantes
aux politiques de transition : circulations et ambiguïtés”

Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie (LaSA EA 3189)
Département de Sociologie – UFR Sciences du Langage de l’Homme et de la Société (SLHS) Université de Franche-Comté

Mardi 13 novembre 2018 (10h-17h00)

Besançon
Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement
1 rue Charles Nodier
Salle Claude Nicolas Ledoux

Entrée libre (sur inscription) : communication@mshe.univ-fcomte.fr

Laboratoire Théoriser & Modéliser pour Aménager (ThéMA UMR 6049)
La
boratoire de Sociologie et d’Anthropologie (LaSA  EA 3189)
UFR Sciences du Langage de l’Homme et de la Société (SLHS)
Forum Transfrontalier – Arc jurassien

Programme PDF

Coordinateur et coordinatrice de la séance : Alexandre Moine[1] et Sophie Némoz[2]

La « transition » existe-t-elle lorsqu’on vit, séjourne ou travaille de part et d’autre d’une frontière ? Les usages de ce terme ne sont-ils que rhétoriques, se résumant à une formule oratoire ayant l’art d’agir sur les représentations ? Qu’est-ce que cela signifie pour les territoires concernés et pour ceux qui les traversent ? Que dit-on de la « transition » dans ces milieux parcourus par la mobilité transfrontalière ? Quels sont les différents enjeux, les politiques et les contradictions qui traversent ces déplacements aux interstices ? Quel(s) défi(s) posent ces formes d’habiter multiples et mobiles ? Comment ces pratiques et les réseaux translocaux qui les portent mettent-ils à l’épreuve les démarches de « transition » ? Accélérateurs, inhibiteurs, quel(s) rôle(s) sont portés par les projets transfrontaliers ? En quoi peuvent-ils catalyser un devenir commun des territoires de proximité ?
Partant de ce questionnement, la huitième journée de l’Atelier Habiter la transition du réseau ACDD souhaite interroger les processus mouvants. Les mouvements spatiaux véhiculent bien des dynamiques économiques et démographiques, non sans relations sociales, ni sans effets environnementaux. Dans et au travers des territoires, la mobilité ne cesse de s’étendre. Les déplacements contribuent à un problème devenu global de combustion de l’énergie et soulèvent des enjeux climatiques, mais aussi sanitaires, avec des conséquences sur la qualité de l’air. Les transports engendrent 23% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale[3]. Le phénomène traverse en permanence les frontières. Si les flux de mobilité et les délimitations préoccupent les scènes politiques et médiatiques, les pratiques transfrontalières sont des gestes de plus ou moins grande distance, fréquence, itinérance, selon les expériences vécues. Leur spécificité est de mettre en relation des territoires et les êtres qui les habitent, en franchissant les seuils et les discontinuités spatiales, politiques, économiques ou culturelles au cœur des trajectoires circulatoires.
Entre ancrages et passages de frontières, l’anthropologie s’est intéressée aux démarcations de différentes formes. De nombreuses réflexions ont été menées autour de l’altérité, des réalités segmentées, mais aussi des processus d’acculturation, de cosmopolitisation, d’hybridation et de dynamiques créatives, parfois disruptives, en situations de liminarité[4]. L’idée de « limitation réciproque » a été particulièrement étudiée par la sociologie[5]. Dans ses « digressions sur l’étranger » (1908), Georg Simmel met en avant une expérience relationnelle où la distance prédomine sur la proximité. Au-dedans et au-dehors des marges, cette mise en tension se déplace à travers les épreuves et les prises[6]. Relativement ancienne chez les historiens, l’attention des sociologues s’est aussi portée sur les entrelacements socioéconomiques, ainsi que sur les coopérations politiques et administratives aux frontières[7]. L’intégration spatiale fait davantage partie des mots de la géographie[8], signifiant ainsi les liens de lieux entre eux plutôt qu’envers l’extérieur. Attentives à la question de la cohésion transfrontalière, les sciences économiques régionales ont approfondi l’ampleur variable des phénomènes de mobilité. Plusieurs types d’économie locale sont alors distingués, non seulement productive, ou résidentielle, mais également présentielle[9], cette dernière dimension prenant acte de la présence touristique sur les territoires.
Habiter renvoie à l’ensemble de ces implications pratiques et symboliques. Cette journée d’atelier sur la « transition » des territoires transfrontaliers poursuit l’ambition de croiser autour des mobilités les regards pluri- et transdisciplinaires. Un public large est invité, composé tant de chercheurs, de praticiens, d’associations, d’étudiants et de toute autre personne intéressée. La Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement de Franche-Comté (MSHE Ledoux, USR 3124) accueillera cet atelier en partenariat avec le Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie (LaSA EA 3189 UBFC), le Laboratoire Théoriser et Modéliser pour Aménager (ThéMA UMR 6049 – UBFC) et le Forum Transfrontalier, ainsi qu’avec le soutien de la Communauté du Savoir (CdS) et de la Région Bourgogne-Franche-Comté.
L’ouverture franco-suisse de cette journée permettra de confronter les réflexions sur les dynamiques de transition aux pratiques de mobilités transfrontalières et aux expériences vécues à travers l’Arc jurassien. Cette mise en perspective interculturelle sera densifiée tout au long de l’atelier, en interrogeant la pluralité des échelles d’actions locales, nationales et internationales. La journée débutera par des présentations de recherches interdisciplinaires, puis conviera autour d’une table ronde les acteurs de la mobilité à travers les frontières du Massif du Jura.

Les enregistrements audios de la séance sont directement accessibles depuis le programme ci-dessous :
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Introduction de Sophie Némoz

Matinée (10h00 – 12h30) : Mises en perspectives internationales et interdisciplinaires

Après-midi (14h – 17h) : Table-ronde avec les acteurs de l’Arc jurassien

Discussion finale avec la salle

Modératrice : Sophie Némoz


[1] Professeur, Laboratoire Théoriser & Modéliser pour Aménager, Université Bourgogne Franche-Comté, ThéMA (UMR 6049).
[2] Maître de conférences, Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie, Université Bourgogne Franche-Comté, LaSA (EA 3189).
[3] Agence internationale de l’énergie
[4] VAN GENNEP Arnold (1995 [1922]), Traité comparatif des nationalités, Paris, Editions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques.
[5] SIMMEL Georg, (1999 [1908]), Sociologie. Etude sur les formes de socialisation, Paris, Presses Universitaires de France.
[6] JOSEPH Isaac (1997), « Prises, réserves, épreuves », Communications, n°65, pp.131-142.
[7] HAMMAN Philippe (2013), Sociologie des espaces-frontières. Les relations transfrontalières autour des frontières françaises de l’Est, Strasbourg, Paris, Presses universitaires de Strasbourg, coll. Etudes alsaciennes et rhénanes.
[8] BRUNET Roger, FERRAS Robert, THIERRY Hervé (1992), Les Mots de la géographie, dictionnaire critique, Montpellier-Paris, RECLUS-La Documentation Française, coll. Dynamiques du territoire.
[9] TERRIER Christophe (2007), Mobilité touristique et population présente. Les bases de l’économie présentielle des départements, Paris, Direction du tourisme ; et DAVEZIES  Laurent (2008), La République et ses territoires. La circulation invisible des richesses, Paris, Seuil.
[10] Doctorante à l’UMR Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe (UMR 7363 SAGE), Université de Strasbourg.
[11] Directeur de Recherche CNRS en psychologie, chercheur associé au Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) Université Laval, Québec, Canada.
[12] Professeur à l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel.