(Im)mobilisations populaires des quartiers face aux transitions

Jeudi 28 mai 2020 (reportée)


Cycle « Pratiques sociales et politiques de transition »

Dix-septième journée de l’atelier

“Habiter la transition. Des pratiques existantes
aux politiques de transition : circulations et ambiguïtés”

Atelier thématique commun aux réseaux ACDD et ReHaL
En partenariat avec le Master “Habitat et ville durable – Pour une approche critique de la fabrique urbaine”

Encore le coronavirus !
La séance du lundi 28 mai est donc reportée

 Programme

Coordinateurs de la séance : Sophie Némoz[1] et François Valegeas[2]

Les rapports qu’entretiennent les problèmes sociaux et environnementaux suscitent « une diversité des formes d’engagement et des mouvements socio-écologistes »[3]. Si leur questionnement a été repris de façon plus récente et explicite vis-à-vis de la notion de « transition »[4], l’hétérogénéité des ancrages de ces dynamiques invite à renouveler les approches de leurs territorialisations sociales et spatiales. L’attention sera portée dans cette séance, sur une série de distensions dans les rapports à la « transition », entre les dimensions populaires et les échelles situées des quartiers. En commençant par celles des milieux qui éprouvent ces qualifications et leur polysémie, leur mise en discussion vise précisément à scruter plutôt qu’à préjuger des manières de dire, de faire ou de se départir des idées de transitions écologiques.
L’un des constats qui instille cette séance est qu’elles prêtent à des interprétations segmentées, voire antinomiques dans les politiques publiques, notamment entre des mesures urbaines qui s’adressent aux quartiers populaires et celles en charge de l’écologie dont les injonctions descendantes ne vont pas sans présomptions de désintérêt ou d’inaction environnementale. Ainsi, les transitions en questions réactualisent des débats déjà anciens comme elles rendent pressantes d’étayer d’autres croisements possibles.
Le premier que cette journée mettra en dialogue examine les tensions entre inégalités et injustices socio-environnementales. « Les inégalités écologiques et la polarisation de leur répartition devraient avoir pour conséquences que les groupes sociaux ou les nations les plus défavorisés aient particulièrement à cœur de résoudre les problèmes environnementaux et s’engagent activement dans cette voix »[5]. Si la superposition des dominations entre les êtres humains aux relations asymétriques avec la nature est l’objet d’approches critiques, certaines ont pu être ainsi théorisées autour de la formulation d’une « écologie sociale »[6] dès les années 1960 aux Etats-Unis, ou suscité localement des soulèvements contestataires au cours des années 1980[7]. Ce mouvement de protestations au nom de la « justice environnementale » connaît aujourd’hui des effets de capillarités internationales. Sa diversité culturelle sera ici approfondie moins en termes de « réception » qu’à partir d’analyses circonstanciées, à même de réinterroger « la culture du pauvre »[8] en cherchant à comprendre dans quelles mesures « le style de vie des classes populaires » et les inégalités associées deviennent sentiments d’injustice à l’égard de l’environnement.
Le deuxième questionnement abordera la pluralité des rapports à la « transition ». Ainsi, d’autres interrelations ne nous semblent pas à négliger mais appellent aussi que l’on s’intéresse aux processus de transition écologique dans une perspective non restrictive à la divulgation des dominations et aux conflits « écologico-distributifs »[9]. Tandis que ces derniers ont été attribués à l’existence d’un « environnementalisme populaire »[10], il est principalement défini comme une lutte pour l’accès à des « biens » biophysiques ou contre leurs dégradations nocives. Il y a là l’affirmation d’un courant spécifique de l’écologie dont l’examen s’est encore peu attaché aux expériences de transition. Comment les habitant.e.s des quartiers populaires les éprouvent-elles ? Quels rapports pratiques et sensibles à la « transition » ? Est-ce que les habitant.e.s s’emparent de cette question ? De quelle manière(s) se l’approprient-ils ou s’en détournent ? Ces questions sur les singularités des rapports socio-environnementaux méritent d’être enrichies en précisant les observations et en clarifiant les débats qu’elles aiguisent, voire en empruntant de nouvelles voies pour les aborder autrement.
Enfin, les contributions à cette journée s’intéresseront plus précisément aux modalités collectives dans leur diversité. Celles-ci seront restituées sous les différents registres qu’elles emploient entre mouvement et inertie face aux transitions.  Le spectre est résolument exploratoire plutôt que borné par les mobilisations organisées ou les résistances plus ordinaires. Quels projets, quelles alternatives ou expérimentations rassemblent ? Qui les porte ? Avec quelle(s) cause(s) ? Selon quel(s) clivage(s) ? En quoi la question des transitions est-elle ressaisie, délaissée, affrontée ou confisquée ? Repenser ainsi les cadrages politiques, sociaux et scientifiques des quartiers populaires c’est ne pas en rester aux constats d’une déconnexion historique entre mobilisations écologiques et ouvrières[11] comme d’une disjonction avec les villes ou les quartiers dits « en transition ». Si ces rapports peuvent être discutés, ils ne seront pas tenus pour seuls ressorts.

Programme de la journée

Introduction de Sophie Némoz et de François Valegeas

Matinée (10h – 12h30) :

  • Catherine Larrère[12]: « Titre de la première intervention »
  • Flaminia Paddeu[13], Ségolène Darly[14] et Kaduna-Eve Demailly[15] : « Titre de la deuxième intervention »

Échanges croisés

Après-midi (14h00 – 17h) :

  • Khedidja Mamou[16] : « Titre de la troisième intervention »
  • Léa Billen[17] : « Titre de la quatrième intervention »

Discussion et mots de conclusion

[1] Maîtresse de conférences à l’Université Bourgogne Franche-Comté et membre du Laboratoire de Sociologie et d’Anthropologie (LaSA EA 3189), Maison des sciences de l’Homme et de l’Environnement (MSHE Ledoux USR 3184).
[2] Maître de conférences à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3 et membre du laboratoire Acteurs, Réseaux et Territoires dans le Développement (ART-Dev UMR 5281)
[3] Grisoni A. et Némoz S., (2017), « Les mouvements socio-écologistes, un objet pour la sociologie », Socio-logos, n°12.
[4] Voir notamment les contributions de la journée « Pratiques de transition et rapports au politique » de l’Atelier AC/DD, Paris, 23 mars 2020.
[5] Larrère C., 2009, « La justice environnementale », Multitudes, 2009/1, n°36, p.156
[6] Bookchin M., 1964, « Ecology and Revolutionary Thought », Bookchin’s newsletter Comment. Bookchin M.,1990, The Philosophy of Social Ecology : Essays on Dialectical Naturalism, Montréal, Black Rose Books.
[7] Keucheyan R., 2014, La nature est un champ de bataille. Essai d’écologie politique, Paris, La Découverte, p. 176
[8] Hoggart R., 1970, La culture du pauvre. Etude sur le style de vie des classes populaires en Angleterre, Paris, Editions de Minuit.
[9] Martinez Alier J., 2014 [2002], L’écologisme des pauvres. Une étude des conflits environnementaux dans le monde, Les Petits matins/ Institut Veblen.
[10] Ibid.
[11] Touraine A., Wieviorka M., Dubet F., 1984, Le mouvement ouvrier, Paris, Fayard, p. 298.
[12] Professeur émérite en philosophie morale et politique à l’Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne.
[13] Maîtresse de conférences en géographie à l’Université Paris 13 et membre du laboratoire PLEIADE.
[14] Maîtresse de conférences en géographie à l’Université Paris 8 et membre du LADYSS.
[15] Maîtresse de conférences en géographie à l’Université Paris 8 et membre du LADYSS.
[16] Architecte et sociologue, Maîtresse de conférences à l’ENSA Montpellier et membre du CRH-LAVUE (UMR 7218) et du LIFAM. Cofondatrice et membre active de l’association APPUII (Alternatives pour des projets urbains ici et à l’international).
[17] Doctorante en géographie, urbanisme et aménagement à l’Université Paris Nanterre et membre du LAVUE.